Nombreux sont les parents qui arrivent en consultation avec des observations que l’on peut résumer ainsi : « mon enfant est attentif pour ce qu’il veut ! » ou encore « Lorsqu’il joue aux jeux-vidéos, il n’a pas de problème de concentration ! ».

Pour des raisons très nombreuses, le contexte va influencer notre capacité à rester attentif sur une tâche. Cette affirmation est vraie pour tout le monde, que l’on soit un enfant, un adulte, une personne très attentive ou non. Toutefois, il semblerait que nous ne réagissions pas tous de la même manière à la nouveauté et à l’ennui. Au travers de nos gènes, notre cerveau et la manière dont nos neurotransmetteurs circulent vont nous prédisposer à des comportements très différents.

La quantité d’inhibition que la tâche impose va moduler nos comportements. Dans un environnement avec très peu de règles ou d’attentes, un enfant avec un TDAH pourrait se comporter comme un enfant qui ne présente aucune difficulté parce qu’il n’aura pas besoin de s’inhiber, de résister à la distraction, de réguler ses émotions. Lorsqu’il joue dehors, avec des enfants ou seul, ce même enfant peut parfaitement être à ses affaires durant plusieurs dizaines de minutes voire plus.

La nouveauté et le niveau de stimulation qu’implique la tâche sont également des variables importantes à considérer. Un enfant (ou un adulte) qui présente un TDAH démontre significativement moins de symptômes lorsqu’il est sur une nouvelle activité ou une tâche peu familière. Pour cette raison, un nouveau jeu, la présence de nouveaux amis ou même le début d’année scolaire peuvent amener des comportements provisoirement différents. Un nouvel environnement peut également influencer les capacités cognitives d’une personne. Le meilleur exemple est l’invitation chez un ami qui se termine par des éloges de la part des parents au sujet de votre enfant ! Enfin, face à une tâche très stimulante, un enfant avec un TDAH fera moins de choix impulsifs et présentera des comportements contrôlés. Un enseignant très actif et stimulant, ou encore un travail qui demande une participation très active pourrait faire toute une différence, au moins provisoirement sur les capacités attentionnelles ou les symptômes d’hyperactivité.

Des parents rapportent fréquemment que leur enfant ne peut pas se concentrer 5 minutes sur un devoir mais peut facilement rester 2h sur une émission ou un jeu vidéo. De nombreuses émissions de télévision et jeux vidéos sont très excitants, amusants et incluent de puissants signaux qui attirent notre attention (dont la violence). La plupart des séries télévisées et des jeux vidéo utilisent abondamment des fonctionnalités qui déclenchent une réponse d’orientation, telles que les montages, les effets sonores, les niveaux de lumière clignotante, etc. Ces caractéristiques saillantes fournissent un soutien continu à l’attention. Même avec un déficit de l’attention, ce type d’environnement provoque une forte réaction cérébrale qui permet de compenser les difficultés observées dans la vie quotidienne.

This PET scan shows that subjects suffering ADHD have lower levels of dopamine transporters in the nucleus accumbens than control subjects. This is a test result from a brain-imaging study conducted at the U.S. Department of Energy's Brookhaven National Laboratory in collaboration with Mount Sinai School of Medicine in New York. — Imagerie cérébrale montrant une diminution des niveaux de transporteurs de dopamine chez les patients atteints de TDAH.

Un déséquilibre chimique pourrait expliquer certains phénomènes décrits plus hauts, notamment la dopamine. Ce neurotransmetteur améliore le contrôle moteur, l’attention, le plaisir ou encore la motivation. Face à une tâche plaisante ou intéressante, la dopamine va fonctionner à plein régime et améliorer encore un peu plus nos capacités cérébrales et nos comportements. Chez une personne qui présente un TDAH, cette dopamine pourrait ne pas se libérer de manière optimale. Face à une tâche plaisante ou nouvelle, la libération de dopamine serait suffisante pour permettre à son cerveau de fonctionner, mais sur une tâche monotone ou habituelle, le cerveau ne délivrerait pas assez de neurotransmetteur pour maintenir une bonne motivation ou d’autocontrôle face à la tâche. En d’autres termes, la personne avec un TDAH serait condamnée à trouver des activités stimulantes/nouvelles sous peine de rapidement tomber dans l’inattention, l’ennui et le désintérêt.

Il y aurait de quoi écrire un livre sur ce seul thème mais voici quelques raisons qui peuvent expliquer pourquoi une personne peut dans certaines circonstances se montrer parfaitement motivée et en contrôle, et dans d’autres contextes être particulièrement désorganisée ou inattentive.