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Un problème de motivation ou de TDAH ?

Combien de parents ont pu observer ou se sont fait dire que leur enfant manquait de motivation ? La réponse est facilement « beaucoup » dans le cadre de nos consultations en neuropsychologie !

Qu’est-ce qui se cache derrière ce concept et peut-il être relié aux problèmes d’attention que l’on rencontre dans le TDAH ? L’objectif de cet article est de vous aider à y voir (un peu) plus clair sur le sujet…

Comment se construit la motivation ?

La motivation, qu’elle soit scolaire ou sportive par exemple, est une compétence qui se développe progressivement et au fil d’expériences dites structurantes. Parfois, malgré un environnement propice à son développement, l’enfant semble résister activement au développement de cette compétence pourtant hautement reliée à la réussite et au sentiment d’efficacité. Les encouragements, la bienveillance, les efforts semblent alors vains !

Le développement du système motivationnel se consolide par les expériences mais aussi les croyances que l’on a sur nous-mêmes et qui nous conduisent à anticiper notre capacité à réaliser une tâche. Le manque de motivation va souvent être considéré comme une stratégie d’évitement de la tâche qui s’auto-alimente par un cercle vicieux qui comporte plusieurs ingrédients clés :

– la présence d’une cognition orientée vers l’échec comme par exemple une faible croyance dans notre capacité de contrôle personnel (les fameux : ça ne dépend pas de moi ! j’y peux rien ! c’est pas moi le problème ! )
– des sentiments négatifs pré existants comme par exemple la peur de l’échec
– des stratégies comportementales nuisibles comme des comportements d’évitement face aux tâches difficiles

Les échecs scolaires, associés à des rétroactions négatives peuvent contribuer à créer une mauvaise image de notre capacité à réaliser des tâches et diminuent notre sentiment d’efficacité. Le risque est alors de produire des comportements d’évitement face aux tâches académiques qui rendront plus probables de futures expériences d’échec… la boucle est bouclée !

Il n’est pas nécessaire d’avoir un TDAH pour éprouver des problèmes persistants de motivation. Des pensées orientées vers l’échec, la présence de symptômes anxieux ou encore de stratégies d’évitement peuvent réduire significativement la capacité d’un enfant à faire face aux tâches qui lui sont présentées. Les notes peuvent en pâtir, les enseignants peuvent tirer la sonnette d’alarme et vous expliquer que votre enfant n’écoute pas ou fait ce qu’il peut pour ne pas être dans la classe sans qu’il soit question de TDAH….

Existe-t-il des enfants plus à risque de difficultés de motivation que d’autres ?

S’il n’est pas nécessaire d’être TDAH pour manquer de motivation, il a clairement été démontré que les enfants atteints de TDAH ont plus de problèmes de motivation par rapport à l’école que leurs pairs ! Les enfants atteints de TDAH  vont présenter :

  • de faibles croyances en matière de compétence personnelle
  • une faible persévérance face aux tâches
  • un évitement actif des tâches qui nécessitent une attention soutenue
  • la frustration lors de tâches nécessitant une attention ciblée.

Les symptômes d’inattention et les déficits des fonctions exécutives reliés au TDAH vont compliquer les apprentissages scolaires. Les enfants avec un TDAH sont à risque d’accumuler davantage d’interactions et de commentaires négatifs de la part des enseignants, ce qui peut, en retour, générer de faibles croyances en matière de compétence personnelle ; une tendance à anticiper l’échec et enfin, une faible tendance à déployer les efforts nécessaires pour réussir lorsque la tâche est exigeante.

Le problème de motivation peut n’apparaitre que durant la deuxième moitié du primaire, ce qui complique la compréhension des parents. Pourquoi mon enfant, si motivé en première année, se retrouve tellement démotivé depuis quelques mois ?? Des chercheurs ont montré que la perte de motivation est plus fréquente à partir de la 3e année, notamment en lien avec l’augmentation des attentes et l’utilisation plus fréquente de compétences qui sont moins développées dans le TDAH. D’autres études ont également montré qu’une motivation négative affectait nettement plus les compétences linguistiques et le développement de la pensée logique chez les jeunes TDAH plus que chez les autres enfants.

Les scientifiques ont tendance à penser qu’un dépistage précoce des symptômes du TDAH ainsi que du déficit motivationnel serait important. Du point de vue du parent ou de l’enseignante, il peut être très difficile de savoir lequel des deux problèmes entrave l’apprentissage. Et d’une bonne compréhension du problème découlera une prise en charge réellement adaptée à la situation ! N’hésitez pas à consulter un neuropsychologue, il pourrait vous aider à déterminer ce qui se cache derrière la démotivation de votre jeune.

 

 

Référence : Palmu Iines R., Määttä Sami J., Närhi Vesa M. & Savolainen Hannu K. (2023) ADHD symptoms and maladaptive achievement strategies: the reciprocal prediction of academic performance beyond the transition to middle school, Emotional and Behavioural Difficulties, 28:1, 3-17, DOI: 10.1080/13632752.2023.2189404